Panorama de la science-fiction by Jacques van Herp

Auteur:Jacques van Herp [Herp, Jacques Van]
La langue: fra
Format: epub
Amazon: B002K9KWIO
Éditeur: Verviers, A. Gérard-Marabout, 1973.
Publié: 1973-08-14T22:00:00+00:00

Isaac Laquedem

Il convient de réserver une place à Ahasvérus, qui, à lui seul, ferait l’objet d’un chapitre. D’une part, les auteurs qui l’ont évoqué (E. Quinet, A. Dumas) ont été amenés à le suivre dans l’avenir ou encore au centre de la Terre. Mais, il a également une place propre dans le roman de science-fiction. Si Monsieur Personne d’Agapit est un roman « fantastique », The Castaway de N. Bond, est un livre de S.F. : on y voit Ahasvérus chercher parmi les astres un refuge où il pourrait échapper à cette malédiction qui l’écrase. Là peut-être, trouvera-t-il enfin la mort. Et le mystérieux chinois Wou du Pont sur les étoiles (1955) de Williamson et Gunn qui est-il en réalité ?

Quant à G.S. Viereck et P. Eldridge, ils ont doublé le Juif errant d’une Juive errante dans Salome, my First Two Thousand Years of Love. Salomée, frappée de malédiction pour avoir trempé dans l’exécution de Jean-Baptiste, va chercher à créer un monde où régnera la femme. Elle le rencontrera dans l’Angleterre de la reine Victoria ! Un peu plus tard, réunie enfin à son alter ego, elle tentera de créer l’homunculus, ce qui déchaîne le tremblement de terre destructeur de San Francisco. Et puis le roman bascule dans la S.F. : tous deux décident de s’évader de notre planète et de gagner les étoiles…

On peut se demander si ici c’est le fantastique qui fait intrusion dans la S.F. ou si c’est plutôt l’inverse qui se passe. À condition que l’omnipotente S.F. ne finisse pas par tout pénétrer. Ce qui est frappant en tout cas dans l’exploitation du thème de l’immortalité, c’est que, le plus souvent, les auteurs y chantent un hymne à la mort. Quand Madame Bruno Ruby écrit Celui qui supprima la mort (préo. 1920), l’inventeur du sérum d’immortalité, Cain Jude, n’est autre que le démon en personne, visant à créer une caste de jouisseurs omnipotents. Vu que la population augmente et que la part des nantis risque de diminuer, on ordonne le massacre des nouveau-nés. Finalement, les immortels seront évincés et, avec cette mort, la vie renaîtra. Mais, sans même aller jusqu’à ces conclusions, pas mal d’auteurs font de l’immortalité un fardeau et de la mort un espoir.

Le Laquedem de Dumas rencontre des immortels avides de mourir : Chiron et Prométhée. Le héros de Nelson Bond tout comme le Juif errant d’Agapit nous rappellent que, si la mort est anéantissement, elle est aussi repos. Encore pourrait-on dire que, dans ce cas, l’immortalité est une malédiction, une punition du ciel et que, dès lors, il est normal que le Juif errant aspire à la mort.

Jacques Sadeur, de son côté, présentait déjà, dans La terre australe (1676), un peuple naturellement immortel pour qui la mort, le repos dans l’anéantissement, était le plus grand bien. Chacun aspirait si ardemment à retourner au néant, qu’il fallut une loi spéciale interdisant le suicide avant cent ans.

L’immortalité est un fardeau qui nous console d’être mortels. Tout se passe comme si, consciemment ou non, les

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